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Mise à jour du 6 juin
2004
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Minimum
Rock'n'Roll vient de publier son premier numéro, à la croisée des chemins entre
esprit fanzine et Esprit tout court, façon revue littéraire parisienne.
Selon ses responsables, Minimum Rock'n'Roll est une revue annuelle chic, choc
et charme sur le rock. Sommaire quasi-fétichiste pour cette première livraison
: le poil - rouflaquettes, poils de torse et autres moustaches…
Aveu éditorial : "le choix de ce thème séminal n'est pas exactement un
hasard, le rock étant à la culture ce que la patte drue et légèrement
frisottante est à un brushing impeccable : plus qu'un parent pauvre, un
loser."
Parmi les
auteurs : Eric Débris (de Métal Urbain), Philippe Dumez (on adore déjà son zine
Plus jamais malade en auto), Christian Eudeline, Tav Falco, Jean-Luc Le Ténia,
F.J. Ossang (de MKB!), Jennifer Smagghe (du zine Facts From The Vault déjà loué
en ces pages), Rubin Steiner, Patrick Scarzello …
Quelques
questions avec Marie-Pierre Bonniol, une des trois jeunes filles derrière le
projet…
Ça craint
pas trop niveau déontologie que je fasse ton interview alors que je suis
moi-même sur liste d'attente pour être publié dans la revue ?
Les auteurs de demain sont les amis d'hier, et les auteurs d'hier les
amis de demain. L'underground, c'est l'amour. Donc : non, ça ne me semble pas
craindre. Minimum Rock'n'Roll fonctionne avec un KKKomité (avec trois K) de
rédaction de trois filles : Karine, Céline, et moi-même. Donc si ton truc sur
les corbillards est vraiment écrit avec les pieds, ce n'est pas moi qui te le
dirais mais le KKKomité. Le KKKomité s'occupe donc des coups de boules pendant
que je m'occupe des coups de langues. C'est un partage honorable des tâches.
Le choix
du nom Minimum Rock'n'Roll c'est évidement une référence à un fameux grand
frère californien, si je ne m'abuse ?
On a cherché dans tous les sens, avec Karine et Céline. On a même
pensé a appeler ça Blank! ou Rock Monsieur mais les éditions Autrement, qui
devaient éditer la revue au début, n'aimaient pas trop. Ils ont mis leur veto
et voulaient un nom qui soit si-gni-fi-ca-tif. Alors on a dit : "OK boy,
come on pour Minimum Rock'n'Roll." Ca tombait pas mal, parce que dans le
genre, Maximumrocknroll c'est pas de la gnognotte. Nous on voulait faire
pareil, mais avec moins de punk-rock et plus de punk attitude .
Il doit
quand même y avoir un désir de vous inscrire dans une lignée punk rock ?
Ce qui nous intéresse, c'est l'homme derrière sa batterie, le pouce et
l'index qui tiennent le médiator, les poils de torse sous le tee-shirt. Ce qui
nous importe, c'est la marque de la bière dans les loges. On n'en parle jamais
assez et pourtant, c'est dans cette marque que tout est dit. Et, nous, on se
donne pour mission de dire toute la vérité. On se donne un thème par numéro :
rock & poils pour le premier, rock & bagnoles pour le second. On en a
encore pour des années mais on y croit.
Vous avez déjà des idées de thèmes possibles pour les futurs numéros ?
Les pompes, la santé, la famille et les rock babes, mais les rock
babes, on les garde pour la fin, parce qu'on sait qu'on ne met pas le groupe
qui déchire ou le film de cul qui tue en premier, comme Canal +. On n'a pas
fait du marketing, mais on s'y connaît en teasing, hé.
Faut-il
parler de zine ou de revue pour Minimum Rock'n'Roll ? On dirait qu'une
attention toute particulière a été portée à la présentation ?
L'idée de départ, c'était de parler de la moustache de Lemmy de
Motörhead sur papier bible. C'est à dire que nous sommes toutes les trois
convaincues que si le sujet semble mineur, le support ne doit pas l'être. C'est
pour ça qu'on a fait le choix d'un vrai bouquin en offset, relié, avec
couverture en quadri et qu'on est rentrés dans le circuit de l'édition.
Mais faut
avoir des ronds pour ça ? En général on fait un zine parce qu'on est fauché et
qu'on n'a pas un groupe de presse derrière. Comment faites-vous ? Vous avez des
parents industriels ?
Certains d'entre nous bossent comme chargés de mission musiques
actuelles structurantes. Ils ont décidé que les salaires qu'ils gagnaient
devaient servir la véritable cause du rock'n'roll et ils détournent donc leurs
défraiements de mission en timbres encollés à la colle UHU, mais faut pas en
causer, hein. On s'est également associés avec la maison d'édition Mélanie
Séteun, spécialisée dans les essais sur la musique, qui nous a aidé à démarrer.
On a également braqué trois vieilles et emprunté sur vingt ans. Il nous manque
encore des ronds, et ça me donne des sueurs froides.
Bon alors
l'esprit fanzine est encore là ?
Ouais, l'actualité à tout crin en moins. Il n'y a qu'une interview,
celle de Rocky de Rock Hair qui coiffe Little Bob depuis vingt ans. Et encore,
il a failli nous casser les deux jambes. Et pas de chroniques avec des private
jokes. Donc, euh, non, on n'est peut-être pas un fanzine en fait dans le fond.
Comment
s'est passé le casting des contributeurs ? C'est votre carnet d'adresse perso
qui a été sollicité?
Il faut peut-être que je te raconte toute l'histoire mon cher Gwardeath,
puisque tu la réclames. Tout a commencé par la colonne que je tiens dans Abus
Dangereux quand l'envie me prend d'écrire pour les gonzes de Bordeaux. J'avais
décidé d'en faire une sur les rouflaquettes. Je n'avais strictement rien à dire
donc je suis partie en vrille et recouvert au moins quatre pages d'encre noire.
Je ne pouvais plus tout mettre, du coup, dans Abus Dangereux. Bon, là, je fais
mon premier site internet, celui de la Rouflaquette Foutraque, avec toutes les
FAQ du poil : quelle est la différence entre une patte et une rouflaquette ?,
boire du café fait-il pousser les rouflaquettes ?, peut-on être une fille et
porter des rouflaquettes ?, etc. Ensuite, en vacances au Portugal, je me dis
que j'ai super envie de quitter mon job et super envie de monter ma revue
gonzo. Son thème était trouvé tout naturellement, aussi j'ai balancé un appel à
contributions sur mon carnet d'adresse Outlook et débauché dans les fanzines et
les listes de discussion. Donc, oui, c'est grâce à Philippe Couderc, Bill
Gates, les Portugais et mes amis du showbiz que Minimum Rock'n'Roll existe.
Une bien belle et grande famille…
Pour l'instant, c'est assez incestueux : Frédéric Fleury est le mec
d'Emmanuelle Pidoux, Emmanuelle Pidoux est la correspondante de Tony Papin,
Tony Papin est fan de Steve Albini, Steve Albini est l'ancien voisin de
Margaret Doll Rod, Margaret Doll Rod est la belle-soeur de Dirk Diggler, Dirk
Diggler est le traducteur de Christian Eudeline, Christian Eudeline est le
frère de Patrick Scarzello, Patrick Scarzello est le professeur de squash de
Nathalie Quintane, Nathalie Quintane est la poule de Stéphane Bérard, Stéphane
Bérard a cassé les deux jambes au frère d'Anne Bacheley, Anne Bacheley est la
meilleure amie de Céline Grenier, Céline Grenier est l'ex de Benjamine Dorno,
Benjamine Dorno est l'ex de J.Mascis, J.Mascis l'idole de Frédéric Fleury. On y
arrivera.
Je
croyais qu'il ne devait pas y avoir de private jokes ??? Nous voilà
littéralement assommés par un name-dropping aussi impressionnant
qu'inextricable. Bon en tout cas on est content de voir que vous bossez avec
Patrick Scarzello. Vous savez que c'est notre star bordelaise, hein, notre
dandy municipal officiel ?
Oui. On sait ça, que Bordeaux sans Scarzello, c'est comme
un 45 tours sans rond central…
Yeah - et Billy Childish, ce ne serait pas la mascotte-à-moustaches de
votre équipe ?
On en a d'autres : Rubin Steiner, Giorgio Moroder, le batteur
Moustache... mais il est vrai que Billy est particulièrement suave avec sa
stache de gendarme. Faut dire qu'il a la classe quand même.
Enfin, je
me suis laissé dire que tous les bons vieux rockers de la place parisienne
avaient craqué la minute même où ils avaient reçu leur exemplaire promo de
Minimum. C'est une fierté de recevoir un écho favorable de Philippe Manoeuvre
ou de JD Beauvallet ?
Disons que je préfère personnellement me faire réveiller le samedi
matin par Philippe Manoeuvre plutôt que par mon chat, Ozzy, qui me mord les
chevilles. Je préfère également recevoir des mails de JD Beauvallet au boulot
plutôt qu'une note explicative sur le décret anti-bruit. Donc, ouais, on est
plutôt contents, on se dit que le lobbying des rouflaquettes commence à faire
son effet, et on attend que des pattes se mettent à pousser à toutes les terrasses
de café.
[Perrier en terrasse par
Guillaume Gwardeath]
http://minimumrocknroll.free.fr/
http://www.seteun.net